SAINT-JACQUES de BeZaucelle.
IGN, 1/25000 Revel 22 44 EST
Coord. Lambert
X = 581,995 : Y = 3126,110 : Z = 696
Dans la Montagne Noire, sur la route de Soréze à Arfons, se trouve le lieu-dit Saint Jammes. A 250 m. au nord-ouest de la métairie sur un mamelon (PL.L), les ruines de l'ancienne église Saint-Jacques, ou Saint-Jammes, sont encore visibles.
Elle est mentionnée pour la première fois en 11303. Et en 1255, dans une transaction entre l'abbaye de Soréze avec l'évêque et le chapitre de Toulouse4. Seules des sources graphiques attestent de son existence au XVIIe siècle.
Sur un plan en couleurs de 16685, elle y est figurée entière et semble être entourée d'habitations, mais s'agissant d'une représentation conventionnelle propre au XVIIe siècle, il est bien difficile d'émettre des hypothèses sur son environnement.
De la même année un plan des bois appartenant à l'abbaye de Soréze6 la représente encore debout. Ce plan est intéressant car il tient compte de l'état des édifices mentionnés, comme « les masures del bastimen biel » qui sont représentés en ruines. Toutefois il s'agit toujours de représentations conventionnelles qui ne peuvent donner l'aspect général de l'édifice.
Un autre plan, sans date mais certainement contemporain, puisqu'il s'agit des rigoles qui alimentent le canal du midi7-8, représente Saint-Jacques entouré de son cimetière au nord et à l'est .
La carte de Jean Trinquier, des années 1690 représentant le diocèse de Lavaur, la mentionne aussi (PL.III), ainsi que la carte de Cassini qui la figure encore entière. En revanche le cadastre de 1833 l'a précise ruinée (PL.XLIX-a). Il faut donc croire que cet édifice a été abandonné au XVIIIe siècle, et certainement durant la seconde moitié puisque la gravure, après les travaux de terrain, de la carte de Cassini a été réalisée entre 1750 et 18159.
Faute de documentation, il est difficile de mettre cette église en rapport avec son milieu. On constate, cependant à 1 km au nord-ouest, le toponyme de Castelet. Il ne s'agit actuellement que des ruines d'une ancienne ferme, mais le cadastre de 1833 en plus d'un habitat groupé, présente un parcellaire évoquant un site fortifié. Cela aurait pu correspondre au plan de 1668, signalant les ruines des « masures del bastimen biel », et nous aurait alors donné une date relative de la destruction du château. En fait, le chemin allant de la Grange Vieille à la Grange Neuve signalé, est orienté nord-sud ce qui situe alors ces ruines à l'est de Saint-Jacques, toutefois il s'agit du seul bâtiment mentionné dans le périmètre de l'église. Autre hypothèse, un château dit La Salle, est mentionné ruiné en 1745 à proximité de l'église 10, le toponyme aurait pu, alors, être remplacé par celui de Castelet, mais cela parait peu vraisemblable. Il est aussi possible de mettre Saint-Jacques en relation avec le château de Roquefort, mais la distance11 parait tout de même assez importante pour une utilisation régulière de l'église. De plus, si en 1130, d'après le cartulaire, Roquefort perçoit la dîme, cela sous-entend l'existence d'une église dans ses murs12. Cela dit, on peut retenir la présence de ces trois éléments que sont l'habitat, l'église et un château éventuel.
Orientée, de petite dimension13, elle se compose d'une nef unique rectangulaire, séparée du chœur, de même forme mais plus court, par un retour de mur, en saillie de 80 cm environ L'accès se fait côté sud par la nef, au nord à 1,80 m du chœur, une ouverture a visiblement été obstruée.
Les murs n'excèdent pas 1,50 m de hauteur, mais certaines parties laisse encore apparaître un appareil de moellons, rangés en épis, bloqués à la chaux. Ce système est déjà employé avant l'époque romane, toutefois on peut le rencontrer, ponctuellement aux périodes moderne voire contemporaine. Les couvertures étaient constituées de plaques d'ardoises, comme l'attestent de nombreux fragments, dont certains peuvent être percés.
Le terrain ancien, du primaire, a entraîné l'emploi de micaschistes, et de gneiss, pour l'élévation de l'édifice.
Bien que le culte de saint Jacques ne remonte généralement pas au-delà du XIè siècle14, la situation, le plan, et la technique de construction, en comparaison avec les autres églises du canton, nous renvoient à une date assez haute, peut être préromane. Mais si l'existence d'une motte et leur rapport était confirmés, cela ramènerait alors la fondation de Saint-Jacques entre le début du X1e siècle et le début du XlI`è siècle.
1 - Il est difficile de savoir s'il s'agit d'une simple chapelle, ou d'une église, les sources employant sans distinctions les deux termes.
2 - Jammes est en fait 1 `équivalent de Jacques en occitan, il n'existe donc bien qu'un seul hagiotoponyme, cependant c'est Jammes qui reste le plus usité. On retrouve aussi James dans les pays de la Manche, c'est en fait l'équivalent de Jacques en Anglais, mais le rapprochement estmoins évident.
3 - A.D.T., 2 J 1, sinopsis fol° 9. Donation par Pierre et Arnaud de Baure à l'abbaye de Soréze de la moitié de la dîme de Besaucelle et de Roquefort.
4 - A.D.T., 2 J 1, sinopsis fol' 17-18, dans, N. POUSTHOMIS-DALLE, L'abbaye de Soréze, Tarn : recherches archéologiques, Toulouse II, Thèse, 1982, p. .
5 - A.C. Soréze, Plan et figure géométrique des Bois de Monicapel, Trinque bisse et Malconstat, copie de 1827, certifiée conforme le 16 août 1827 à Castres, du plan dressé en 1668.
6 - A.D.H.G., B, Eaux et forêt, Castelnaudary -E 4, Plan des bois appartenant à un religieux de Soréze de Lodève Saint-Benoît.
7 - Certainement entre 1666 et 1681.
8 - A.D.H_G., archives du canal du midi.
9 - Information IGN.
10- Information, Mme. N. POUSTHOMIS-DALLE, livre terrier de l'abbaye de Soréze qui indique que la métairie a été construite en 1745 près des vestiges d'un château, appellé La Salle et de l'église Saint-Jacques.
11 - 2,6km. à vol d'oiseau, au sud-ouest.
12 - A.D.T., 2 J 1, sinopsis fol° 9.
13 - 14,5 x 6m.
14 - M. AUBRUN, op. cil., p. |